Posté le 15 février 2013 - par merdealors
Le papier de crottin !
L’idée n’est pas nouvelle. Dès 1841, M. TRIPOT dépose à Paris un brevet de fabrication du papier » à partir de la fiente de tous les animaux herbivores ». « Le crottin, disait-il, est en grande abondance : on peut obtenir de chaque cheval un kilogramme de papier par 24 heures ; une seule caserne de cavalerie suffirait à la consommation du Ministère de la Guerre. Il est étonnant que l’on n’ait pas songé plus tôt à cette matière … » Il est vrai qu’à l’époque, on manquait de chiffons et on ne savait pas encore extraire la cellulose du bois. Alors on utilisait les chevaux des écuries impériales. Aujourd’hui on commence à manquer de bois mais on a pléthore de « fientes d’animaux herbivores« … et qu’en fait-on ?
La paille et le foin subissent une première trituration sous la dent et dans l’estomac des chevaux. Il faut savoir que les herbivores non ruminants (comme les chevaux, les ânes ou les éléphants sous d’autres latitudes), ne disposent pas des sucs gastriques nécessaires à la digestion de la cellulose. Laquelle cellulose se retrouve donc dans leurs crottins ! Du coup, il suffit de les récupérer, les laver à grandes eaux, puis les chauffer pour en éliminer les bactéries. On obtient une pâte qu’il faut ensuite broyer pour en faire du papier. C’est un processus extrêmement simple, dont le seul bémol écologique est la consommation d’eau. Une chimie naturelle qui fait de ce bel animal une formidable machine productrice, lessiveuse et broyeuse de pâte, se vidant et se remplissant toute seule, mobile donc susceptible de s’installer partout, solide, et somme toute assez bon marché !
Monsieur Tripot a été entendu : une usine, située aux Portes de Paris, fabriquait du papier et du carton de crottin. Certains papiers » bulle » en pâte demi-blanchie qui sortaient de ces ateliers étaient appréciées, paraît-il, pour envelopper la pâtisserie ! Bien-sûr l’arrivée de la voiture a vidé la capitale de ses chevaux et l’usine a fait long feu. Mais l’idée s’est propagée. elle a également fait son chemin en Asie où l’on voit grand : depuis la fin des années 1990, on y convertit la crotte d’éléphant en papier. Les promoteurs de ce processus naturel ont eu la bonne idée de faire varier les couleurs et les textures de leur papier en offrant différents régimes alimentaires aux pachydermes. Et l’on peut dire qu’avec l’éléphant bien plus encore qu’avec le cheval ou l’âne, il y a Matière à produire !
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